Pourquoi faire aujourd’hui un article sur la catastrophe de Tchernobyl alors que l’on n’y trouve aucune connotation ésotérique ou paranormale?
Ça, c’est la question que vous devez sûrement vous poser en lisant le titre… Vous avez sans doute raison, ville fantôme ne veut pas dire « ville hantée »! Et bien en cette année 2016, la 26 avril précisément, cela fait 30 ans que la central nucléaire de Tchernobyl à explosé, avec un grand nombre de conséquences (malheureusement en grande partie irréversibles), dont l’une d’entre elle est l’évacuation des habitants sommés de partir pour éviter la contamination.
Aujourd’hui encore, la ville est toujours sous l’emprise de la radioactivité suite à la catastrophe, mais pour autant, certains habitants sont revenus vivre dans la zone d’exclusion (on en compte 800 en 2016).
Bien peu d’habitants, donc, face à une immense contamination qui fait de Tchernobyl une zone déserte depuis 30 ans, un haut lieu abandonné chargé d’histoires à en donné des frissons…
Tchernobyl avant la catastrophe
Nous sommes dans les années 1970, en Ukraine, ou plus précisément à 18 km de Tchernobyl. La ville de Pripyat voit le jour pour accueillir les employés de la central Lénine construite dans le même temps à 3 km de là. Cette centrale nucléaire devient alors la grande fierté de l’Union Soviétique et allait permettre à la ville de Tchernobyl de connaître son essor économique. En 1979, Pripyat n’a rien d’une ville fantôme. Elle compte plus de 20 000 habitants et son expansion en fait rapidement une ville accessible et dans laquelle il fait bon vivre. Des écoles, des immeubles, des équipements sportifs, des cafés, des magasins, des jardins publics, une gare, des cinémas, des théâtres, et même un hôpital y sont construits. Fort de son développement, la ville projette également d’y créer un parc d’attraction… mais ce fut la dernière grande construction que connaîtra Tchernobyl, car 4 jours avant son inauguration, l’impensable s’est produit.
1986: la catastrophe nucléaire de Tchernobyl
Le 26 avril 1986 ressemble à un jour comme les autres. Les enfants vont à l’école, certains habitants s’adonnent à des loisirs culturels pendant que d’autres sont au travail, au café ou encore font les magasins. Dans l’esprit de la population de Pripyat, rien ne peut venir troubler une journée si ordinaire, mais ce que l’on ignore à ce moment là, c’est qu’à la centrale nucléaire de Tchernobyl, un accident gravissime s’est produit à 1h23 du matin des suites d’un test visant à améliorer la sécurité: le réacteur n° 4 de la central prend feu et une explosion s’en suit, faisant voler de nombreux déchets radioactifs sur une large distance. Tous les ouvriers ignorent être exposés à une concentration massive de radiation, d’autant plus que les autres réacteurs continuent de fonctionner normalement. Les pompiers de Pripyat sont appelés à éteindre le feu, mais face à la complexité chimique du nucléaire et en l’absence d’équipements adéquats, ils finiront irradiés des suites de la catastrophe et la plupart mourront. Il faudra attendre plus de 4h pour mettre fin à l’incendie. Dès lors, l’urgence n°1 sera de mettre un terme à la réaction nucléaire. Les habitants ne soupçonnent pas qu’à ce moment la, ils sont déjà touchés par les radiations.
Alertés, les autorités décident dans un premier temps de ne pas affoler la population. A ce moment là on évoque simplement une explosion, un accident ayant eu lieu à la centrale nucléaire. Il faudra attendre 30h après l’accident, soit le lendemain, pour que les 45 000 habitants de Pripyat soient évacués sans beaucoup trop d’informations, si ce n’est de n’emporter que le strict nécessaire par mesure de protection temporaire, pour faire face à une situation radioactive préoccupante. Pensant revenir 2 ou 3 jours plus tard, ils sont emmenés dans la région de Polesskoïe, elle même irradiée, et qui sera évacuée 10 ans après la catastrophe de Tchernobyl. Dès lors, Pripyat devient une ville morte.
Déjà, les effets des radiations se font sentir et on constate nausées et vomissements chez certains. L’évacuation de la population dans un rayon de 30 km autour de la centrale continuera jusqu’au mois d’août, tandis que des travaux de réparation pour stopper l’émanation des particules radioactives sont effectués. S’ensuit alors des opérations de décontamination qui s’étendront jusqu’en décembre, avec l’aide de 600 000 ouvriers. Malheureusement, on comptera parmi eux pas loin de 60 000 morts et plus de 160 000 personnes handicapées.
Salle de classe à Pripyat |
Tchernobyl ville fantôme
Aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux à revenir dans la zone d’exclusion. Il y a ceux qui quelques semaines après la catastrophe refuseront de croire les autorités et préfèreront retrouver leur terres, puis ceux qui avec le retour de la faune sont persuadés que le danger est quasi écarté. Devant l’impossibilité de déloger ces personnes, les autorités ont choisi de les laisser aller et venir dans la zone interdite.
Cependant, le risque est bien présent. Même si aucun réacteur ne fonctionne depuis 2000, la centrale de Tchernobyl – Pripyat continue d’être entretenue et la décontamination n’est pas terminée. Il faudra attendre 3 siècles pour que la zone soit de nouveau habitable.
Cette zone d’exclusion est donc aujourd’hui en grande partie abandonnée. Les quelques clichés que l’on trouve de Pripyat montre une ville fantôme, totalement figée dans le temps. La ville est alors devenue un haut lieu touristique qui éveil la curiosité des uns et des autres, mais à quel prix? Le taux de radioactivité à largement descendu, mais il est difficile d’évaluer les risques face à une exposition. La visite se fait en une demi-journée pendant laquelle il est possible de se balader et de braver les dangers: même si des règles de sécurités ont été imposées à Pripyat, elles sont largement contournées et il est possible de rentrer dans des bâtiments qui risquent de s’effondrer. Des reconstitutions ont même été faites pour rendre les visites encore plus prenantes, mais les quasis totalité des objets que l’on trouve à Pripyat sont restés à la même place, là où on les a abandonnés en 1986.
Même si la radioactivité a été divisée par 2 ces 30 dernières années, on ne peut pas oublier les dangers causés par les radiations: brûlures, nausées, mutations génétiques, cancers de la tyroïde ou leucémies. Longtemps, la désinformation a été de mise, notamment en France ou le nuage radioactif des suites de l’explosion de Tchernobyl a largement été présent, alors que l’on nous a fait croire l’inverse pendant près de 25 ans. On estime que depuis les années 1980, le nombre de cancers de la tyroïde dans notre pays a largement augmenté, pourtant aujourd’hui il semblerait qu’il n’y ait pas de lien significatif entre la catastrophe nucléaire et cette augmentation. Mais qu’en est-il vraiment?